Historique

L’idée de la création d’une société francophone d’ORL m’est venue au cours d’un voyage au Québec mi-septembre 1985. Investi de responsabilité administrative au CHU de Nantes, j’accompagnais son Directeur général dans un voyage au Canada pour en étudier l’organisation hospitalière.  Alors que nous visitions un hôpital de Montréal, notre attention a été attirée par un groupe dont la francophonie détonnait dans l’ambiance anglophone du service. En peu de temps, nous apprenions qu’il s’agissait de membres d’une société francophone de biologie. Cette rencontre témoignait de l’existence de sociétés médicales francophones ce qui me surprit. De retour en France, lors du congrès de la SFORL quelques jours après, je fis part de mes réflexions à Bernard Fraysse dont je connaissais le « parcours américain » et le dynamisme. Il me donna les références de responsables de l’Association d’Otorhinolaryngologie du Québec, et particulièrement de Paul Savary. Le bon accueil de notre confrère canadien permit rapidement d’envisager la participation d’un groupe d’ORL français au congrès québecois de l’année suivante avec l’idée de la création d’une société francophone de notre discipline.

La société francophone d’ORL est donc née en octobre 1986, avec le précieux soutien de la Société Française d’ORL. Sous la houlette du Professeur Paul Pialoux, une importante délégation d’ORL français rejoignait nos confrères francophones à Québec. C’est sur un coin de table du célèbre hôtel Château Frontenac que furent élaborés les statuts de la Société par Paul Savary et Pierre Ferron du Québec, et pour la France, par André Pech, Henri Laccourreye, Jérome Andrieu-Guitrancourt, et moi-même. Les objectifs principaux s’imposèrent :

  • favoriser l’expansion de la francophonie scientifique et la diffusion des livres d’expression française;
  • faciliter les voyages d’études, l’échange des étudiants et des enseignants entre les pays francophones.

Le principe d’un congrès biennal fut adopté, en le couplant de préférence avec un Congrès de la Société invitante. Cette intrication des deux Congrès devait permettre aux membres itinérants de faire connaissance avec le maximum de Confrères du pays invitant, et donc de mieux asseoir la Communauté ORL francophone. Cette réunion à Québec devenait le premier congrès de la nouvelle Société. J’ai alors proposé d’organiser le deuxième congrès francophone en 1988, en l’associant aux Journées multi-régionales d’oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale prévues à Nantes.

Peu de temps après, la dénomination initialement retenue de Société d’ORL des Pays Francophones a été modifiée en Société Internationale Francophone d’Oto-Rhino-Laryngologie et de Chirurgie cervico-faciale (SIFORL), pour indiquer la volonté d’étendre le champ de recrutement à tous les ORL francophones, quelle que soit la langue officielle de leur pays. Beaucoup plus qu’un langage commun, la langue facilite le partage d’une culture et une solidarité. On a pu ainsi établir des liens étroits avec d’autres Associations ORL francophones, permettant aux confrères de la discipline de resserrer les liens, même s’ils se trouvent sur des continents différents.

La vie de cette société francophone quadragénaire, avec ses congrès en Amérique, en Europe, en Afrique, et au Moyen-Orient, montre bien que sa création répondait à une demande. Il est agréable de constater que la SIFORL n’a pas failli à sa mission en choisissant pour villes de congrès, après Nantes en 1988, Marrakech en 1990, Bruxelles en 1993, Monastir en 1995,  Beyrouth en 1997, Bucarest en 1999, Dakar en 2001, Quebec en 2003, Toulouse en 2006, Marrakech en 2008, Beyrouth en 2010, Hammamet en 2012,  Montréal en 2014, Lille en 2016.

On ne peut que souhaiter longue vie à la SIFORL.

Professeur François LEGENT